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Autre étude de femme

Honoré de Balzac

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Autre étude de femmeHonoré de BalzacPublication: 1842Source : Livres & EbooksDEDIE A LEON GOZLANComme un témoignage de bonne confraternité littéraire.A Paris, il se rencontre toujours deux soirées dans les bals ou dans les raouts.D'abord une soirée officielle à laquelle assistent les personnes priées, un beaumonde qui s'ennuie. Chacun pose pour le voisin. La plupart des jeunes femmesne viennent que pour une seule personne. Quand chaque femme s'est assuréequ'elle est la plus belle pour cette personne et que cette opinion a pu être partagéepar quelques autres, après des phrases insignifiantes échangées, commecelles-ci : – Comptez-vous aller de bonne heure à ** (un nom de terre) ? –Madameune telle a bien chanté ! – Quelle est cette petite femme qui a tant de diamants ?Ou, après avoir lancé des phrases épigrammatiques qui font un plaisir passageret des blessures de longue durée, les groupes s'éclaircissent, les indifférents s'envont, les bougies brûlent dans les bobèches . lamaîtresse de la maison arrête alorsquelques artistes, des gens gais, des amis, en leur disant : – Restez, nous souponsentre nous.On se rassemble dans un petit salon. La seconde, la véritable soirée a lieu . soiréeoù, comme sous l'ancien régime, chacun entend ce qui se dit, où la conversationest générale, où l'on est forcé d'avoir de l'esprit et de contribuer à l'amusementpublic. Tout est en relief, un rire franc succède à ces airs gourmés qui, dansle monde, attristent les plus jolies figures. Enfin, le plaisir commence là où le raoutfinit. Le raout, cette froide revue du luxe, ce défilé d'amours-propres en grand costume,est une de ces inventions anglaises qui tendent à mécanifier les autres nations.L'Angleterre semble tenir à ce que le monde entier s'ennuie comme elle etautant qu'elle.Cette seconde soirée est donc, en France, dans quelques maisons, une heureuseprotestation de l'ancien esprit de notre joyeux pays . mais, malheureusement,peu de maisons protestent : la raison en est bien simple. Si l'on ne soupeplus beaucoup aujourd'hui, c'est que, sous aucun régime, il n'y a eu moins degens casés, posés et arrivés. Tout le monde est en marche vers quelque but, outrotte après la fortune. Le temps est devenu la plus chère denrée, personne nepeut donc se livrer à cette prodigieuse prodigalité de rentrer chez soi le lendemainpour se réveiller tard. On ne retrouve donc plus de seconde soirée que chez lesfemmes assez riches pour ouvrir leur maison . et depuis la révolution de 1830, cesfemmes se comptent dans Paris. Malgré l'opposition muette du faubourg Saint-Germain, deux ou trois femmes, parmi lesquelles se trouve madame la marquise1d'Espard, n'ont pas voulu renoncer à la part d'influence qu'elles avaient sur Paris,et n'ont point fermé leurs salons. Entre tous, l'hôtel de madame d'Esp

Nombre de pages : 46

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

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