Retour

L'HOMME QUI VOULAIT ÊTRE INVISIBLE

Maurice Renard

BTN Ajouter à une liste
L'HOMME QUI VOULAIT ÊTRE INVISIBLEMAURICE RENARD- Naturellement, dit M. Patpington, ce n'est pas à Iping que ces choses sont arrivées ?Hopkins le regarda d'un air effaré.- Eh bien, quoi ! reprit l'oncle. Je veux dire : depuis le temps que je viens ici, je suppose qu'on m'aurait parlé de tout cela, si tout cela s'y était passé !Hopkins restait bouche bée, écarquillant les yeux.M. Patpington se balançait dans un rocking-chair. C'était un court bonhomme replet, vêtu de noir. Il avait des joues roses et rebondies, un front merveilleusement développé, et ses cheveux blancs recouvraient en désordre le col de sa redingote. Une grosse petite vieille dame habillée en homme, voilà bien à quoi ressemblait M. Patpington . et, à vrai dire, quand le docteur Hopkins contemplait son oncle, il éprouvait parfois la sensation troublante d'avoir devant lui feu sa mère, née Patpington, étrangement ressuscitée et travestie.- Je pense donc, reprit M. Patpington, que Wells a voulu donner le change à son lecteur en situant à Iping et dans les environs les principales aventures de l'homme invisible.- Mais, dit enfin Hopkins, vous ne voulez pas prétendre que ces aventures se soient jamais déroulées vraiment quelque part ?...M. Patpington lui jeta de côté un regard inquiétant et il continua à se balancer, ce qu'il n'arrivait à produire qu'en glissant les bras en avant et en arrière le long des accoudoirs du rocking, vu que ses courtes jambes ne pouvaient d'aucune façon toucher terre.Un livre ouvert reposait sur les rondes petites cuisses de M. Patpington.- Et moi, scanda-t-il tout à coup, je soutiens que l'histoire est vraie, Arthur. Elle est trop vraisemblable, entendez-vous, trop vraisemblable pour n'être pas vraie. Et c'est un chimiste qui vous parle, ne l'oubliez pas !A ces mots, Hopkins, pareil au romancier même de l'Homme invisible, commença à voir clair. Et il se repentit d'avoir laissé aux mains de M. Patpington un ouvrage aussi propre à exciter l'imagination.C'était d'ailleurs le seul livre de cette nature qui se trouvât dans sa bibliothèque. Hopkins, comme tous les scientifiques en général et les médecins en particulier, professait un remarquable dédain pour les fantaisies de Wells, et, s'il avait acheté jadis l'Homme invisible, c'était uniquement à cause d'Iping. Parce qu'il est toujours créatif de lire des choses sur l'endroit que l'on habite.L'oncle Patpington remplissait depuis de longues années les fonctions de professeur de chimie à la Technical Society, dans le Strand. Jusqu'ici, son neveu n'avait eu le plaisir de le recevoir à Iping que pendant les vacances. Cependant M. Patpington était arrivé

Nombre de pages : 21

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

Le studio Littérature

De la même thématique Littérature

Du même auteur Maurice Renard