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Un printemps à Pétersbourg

Allard H. J.

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Un printemps à PétersbourgFédor Mikhaïlovitch Dostoïevski1847Traduction Jean-Wladimir Bienstock13 avril 1847On dit que c'est le printemps à Pétersbourg [1] Est-ce vrai ? C'est possible. Nous avons, en effet, tous les indices du printemps : une moitié de la ville a la grippe, l'autre au moins un rhume. De pareils cadeaux de la nature nous convainquent complètement de sa renaissance. Ainsi c'est le printemps. L'époque classique de l'amour ! Mais l'époque de l'amour et celle de la poésie ne viennent pas en même temps, dit le poète : et Dieu soit loué ! Adieu les poèmes, adieu la prose, adieu les grands périodiques avec ou sans programmes, adieu les journaux. Adieu Littérature et pardonne-nous. Pardonne-nous si nous avons péché contre toi, comme nous te pardonnons tes péchés. Mais comment sommes-nous arrivés à parler de littérature avant toute autre chose ? Je ne vous réponds pas, messieurs. Il faut, avant tout, se débarrasser des choses lourdes. À peine, à peine avons-nous traîné jusqu'au bout la saison des livres, et nous avons raison, bien qu'on dise que c'est un fardeau très naturel. Bientôt, peut-être dans un mois, nous ficellerons en tas nos revues et nos livres et ne les regarderons plus avant septembre.Alors probablement, il y aura de quoi lire, contrairement au proverbe : il ne faut pas abuser des bonnes choses. Bientôt les salons seront fermés . on ne donnera plus de soirées, les jours seront plus longs, et nous ne bâillerons plus de si charmante façon dans les salons surchauffés, près des cheminées élégantes, écoutant la nouvelle qu'on nous lit ou qu'on nous raconte en abusant de notre innocence. Nous n'écouterons plus le comte de Suzor [2], qui s'en est allé à Moscou adoucir les mœurs des slavophiles. Après lui, et probablement pour le même but, partira Gverra [3]. Oui, nous perdons beaucoup avec l'hiver.Nous nous préparons à ne rien faire de l'été. Nous sommes fatigués. Il est temps pour nous de nous reposer. Ce n'est pas en vain qu'on dit que Pétersbourg est une ville si européenne, si affairée. C'est un fait. Laissez-le donc se reposer . permettez-lui d'aller dans ses campagnes, dans ses forêts. Il a besoin de la forêt, au moins pendant l'été. C'est seulement à Moscou qu'on se repose avant l'affaire. Pétersbourg se repose après. Chaque été, en se promenant, il se recueille. Peut-être même pense-t-il maintenant à ce qu'il fera l'hiver prochain. Sous ce rapport, il ressemble beaucoup à un littérateur qui, il est vrai, n'a rien écrit lui-même, mais dont le frère eut pendant toute sa vie l'intention d'écrire un roman.Cependant, tout en se préparant pour la nouvelle route, il faut se retourner et jeter un regard sur l'ancienne, sur le passé, et au moins dire adieu à quelque chose, regarder ce que nous avons fait, ce qui nous est particulièrement cher. Voyons donc, lecteur bienveillant, ce qui vous a été particulièrement

Nombre de pages : 43

Date de publication :

Éditeur : Audiocité

Le studio Littérature

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